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L’indécision finaleTense fight to the finish of La Solitaire du Figaro

par Quentin Mayerat

 

 

 

Les conditions météorologiques sont restées molles pour cette dernière nuit en mer et les 44 solitaires doivent encore parcourir une cinquantaine de milles avant d’en finir avec la quatrième et dernière étape de La Solitaire du Figaro Eric Bompard Cachemire. Paul Meilhat (Macif 2011) tenait la corde ce mercredi à 5h00, mais la flotte était extrêmement compacte…

 

Du vent portant d’Ouest faible : voilà ce que les solitaires ont dû négocier depuis leur passage du raz Blanchard mardi après-midi. Et pour éviter de pousser le courant de marée descendante, toute la flotte (sauf un) a choisi de prendre le large pour s’écarter de la pointe de Barfleur où le jusant était le plus fort en début de nuit. En effet, seul Arnaud Godard-Philippe (Senoble), très en retard au passage de la pointe de La Hague, a longé les côtes du Cotentin pour ne pas se faire emporter par la marée : il n’avait pas trop le choix au vu de son décalage, et il concédait donc plus de trente milles en fin de nuit…

 

Nord ou Sud ?

 

Pour ce dernier « rush » qui a des allures de pas de sénateur, la flotte est très groupée en termes de distance au but, Dieppe n’étant plus qu’à une cinquantaine de milles : l’arrivée ne devrait donc pas se faire avant le début d’après-midi car les conditions météorologiques sur l’eau n’annoncent pas de renforcement sensible du vent. Le flux d’Ouest ne dépasse pas huit nœuds et reste assez stable en direction depuis la tombée de la nuit. C’est donc plus un positionnement par rapport à ses concurrents pour certains (en particulier pour les leaders au classement général) ou par rapport à l’approche de la terre pour d’autres, qui déclenche les empannages. Sur une mer plate et après que le crachin se soit enfin dissipé, les skippers ont parfois pu prendre un peu de repos en prévision d’un final assez tendu ce mercredi matin : les écarts à Dieppe risquent fort d’être infimes pour plus de la moitié de la flotte !

 

Dans ce nuage de traces qui marquent les trajectoires depuis Barfleur, deux clans se sont formés, tous deux naviguant au-dessus de la route directe vers Dieppe. Plus au Nord, le leader Paul Meilhat (Macif 2011) emmène trois des prétendants au podium de cette 42ème Solitaire du Figaro : Erwan Tabarly (Nacarat), Fabien Delahaye (Port de Caen-Ouistreham) et Jérémie Beyou (BPI) ne se lâchent pas d’une étrave ! Ils savent qu’il n’y a plus de réelle opportunité de faire le trou et préfèrent assurer un classement correct sur cette étape qui ne pourra pas jouer sur la hiérarchie finale. Ce groupe de quatre est accroché par Laurent Gouezigoux (Valorisons) qui tire bénéfice de son option de mardi lorsqu’il est passé au Nord de l’île de Guernesey.

 

Macif attaques

 

Plus au Sud, Eric Péron (Macif 2009) emmène les partisans d’une route un peu plus à terre où se retrouvent Adrien Hardy (Agir Recouvrement), Nicolas Jossier (Entreprendre en pays Granvillais), Frédéric Rivet (Vendée 1) et les bizuths Morgan Lagravière (Vendée) et Alexis Littoz-Baritel (Savoir Mont-Blanc). Dans cette brise faible et stable, il est extrêmement difficile de prendre parti pour l’une ou l’autre des options et il est fort probable que les solitaires passent du temps devant leur écran pour visualiser grâce à l’AIS le timing des empannages. A ce stade de la course, ils sont encore une vingtaine à pouvoir prétendre à une place sur le podium de cette ultime manche !

 

Ce qui semble acquis, c’est que Jérémie Beyou est assuré de la victoire au classement général devant Fabien Delahaye puisqu’ils naviguent à vue, plutôt en tête de la flotte. En revanche, Nicolas Lunven (Generali) est en ballotage tout comme Thomas Rouxel (Bretagne Crédit Mutuel Performance) pour la troisième marche du podium final : si Erwan Tabarly arrive une demi-heure avant eux, il peut prétendre à cette place d’honneur. Et le challenge concerne aussi nombre de coureurs pour le classement final : Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls) est en difficulté en 38ème position, Thierry Chabagny (Gedimat) est en passe de devancer Laurent Pellecuer (Atelier d’architecture Jean Pierre Monier), tandis que Morgan Lagravière (Vendée) confirme son statut de meilleur bizuth de cette Solitaire du Figaro… Il y a donc encore énormément d’incertitudes quant au résultat de cette quatrième étape (et donc sur la hiérarchie finale), mais il faut souligner que les deux porte-drapeaux de Macif mènent le bal !

 

 

Ils ont dit

 

Jérémie Beyou (BPI)

« A 50 milles de l’arrivée, j’ai mon dauphin 50 mètres sous mon vent… J’aimerais dire que ça sent bon, mais au vu des conditions actuelles, ce n’est pas fait : il peut se passer des trucs. On attend une rotation vers le Sud-Ouest, et vu la force du vent et les masses nuageuses dans le ciel, chacun choisit son camp : la flotte est éclatée dans tous les sens. C’est pourquoi je reste avec Fabien et Erwan… J’espère que le vent va se lever un moment ou un autre ! S’il y a douze nœuds de vent, ça change tout : c’est plus facile de contrôler. »

 

Fabien Delahaye (Port de Caen-Ouistreham)

« Je suis toujours avec les mêmes : Jérémie, Erwan et Paul ! Le vent ne veut pas tenir : il y a moins de sept nœuds actuellement, ce qui rend difficile de trouver la bonne vitesse. Et la bonne trajectoire. Il faut être à la barre pour sans cesse relancer… Il y a pas mal d’incertitudes sur la brise à venir : ça peut être long. J’avais fini premier bizuth il y a deux ans à Dieppe. »

 

Paul Meilhat (Macif 2011)

« Depuis le passage du cap de La Hague, on est sous spinnaker dans pas beaucoup de vent, et ça a molli ces dernières heures. J’ai réussi à creuser un peu d’avance sur mon groupe, mais il y a certains gars plus au Sud que je ne peux pas contrôler. La situation est un peu plus favorable pour ceux qui sont devant, mais je ne sais pas ce qui va se passer par-dessous. Il faut empanner à chaque bascule dans 5 à 10 nœuds de vent. La nuit a été douce et plutôt agréable. J’ai un bon souvenir de mon arrivée à Dieppe il y a deux ans ! »

 

Laurent Gouezigoux (Valorisons)

« Ce n’est pas simple ! Les conditions actuelles sont difficiles pour une fin d’étape avec 6 à 8 nœuds de brise, et vent arrière c’est compliqué. Le coup tactique d’hier a bien porté ses fruits : j’avais entendu une météo d’un sémaphore qui annonçait une bulle orageuse dépressionnaire sur la route : j’ai pris la décision de la contourner par le Nord. Maintenant, ce finish est assez tendu et ce n’est pas facile de rester au contact de Jérémie and compagnie. Il faut quelques nœuds de vent de plus pour que les choses se simplifient… J’essaye avant tout de m’accrocher aux bateaux qui vont bien ! »

 

Eric Péron (Macif 2009)

« On n’arrête pas d’enchaîner les empannages : je suis dans le groupe de tête avec mon compatriote Paul (Meilhat) ! Je suis bien revenu depuis Guernesey : j’ai tenté un coup au large alors que j’étais trentième et ça a marché ! Je pense que le vent va rester de secteur Ouest jusqu’à la fin, même s’il y a encore des bascules… »

 

Erwan Tabarly (Nacarat)

« Sous spinnaker avec 5 à 8 nœuds, il faut tirer des bords en jouant sur les empannages. Il y a beaucoup de choses à faire à bord ! Il faut choisir son camp et c’est donc assez incertain jusqu’à Dieppe. J’ai dormi un peu mais je sens que je suis fatigué : il faudra rester lucide pour ce final. Les écarts se font et se défont assez rapidement selon les bords : il ne faut pas se tromper. »

 

 

 

  

 

 

The 44 skippers competing in the final leg of the Solitaire du Figaro had a very complicated second night at sea, the finish line in Dieppe is approaching but they still will have to deal with the tricky last part of the course. The winner will be crowned tomorrow, but who will that be? Hard to say 100 miles from the finish.

 

The winner of the fourth leg of the Solitaire du Figaro Eric Bompard is expected to cross the line in Dieppe on Wednesday at around noon. But, twenty hours from the grand finale, it’s nearly impossible to say who will be crowned king of the Solitaire 2011. Everyone’s eyes are fixed on the overall ranking, Jérémie Beyou (BPI) is still in a secure position, in 4th, to keep at bay young Fabien Delahaye (Port de Caen Ouistreham), but for the lower step of the podium nothing is sure yet, with both Erwan Tabarly (Nacarat) and Nicolas Lunven (Generali) still in the game… and for some others a leg win could represent a nice reward.

 

After a night plagued by continuous wind shifts and light and fickle airs, at the centre of an high pressure ridge, it was only in the early hours of the third day at sea that the breeze materialised again on the race course, giving some respite to the tired sailors. Erwan Tabarly (Nacarat) has moved in the lead closely followed by Paul Meilhat (Macif 2011) and Nicolas Jossier (Entreprendre en Pays Granvillais). But overall race leaders Jérémie Beyou (BPI) and Fabien Delahaye (Port de Caen-Ouistreham) are just a few hundred metres behind. Adrien Hardy (Agir Recouvrement) and Isabelle Joschke (Galettes Saint-Michel) managed to climb back up to the front, same as first placed rookie Thomas Ruyant (Destination Dunkerque).

 

Two skippers hit the news this morning: Michel Bothoun (Les Recycleurs Bretons) and Laurent Gouezigoux (Valorisons), whose risky offshore option proved to be a hat trick. Whilst the leaders were stuck in an area of very light and shifty winds, and speeds decreased dramatically, the pair never lost their momentum. And, deciding to stay west of Guernsey, Bothoun and Gouezigoux didn’t feel the leeward island effect and managed to keep their speed up. So much that, according to the latest position report, the first climbed up 32 places in the overall ranking and went from 42nd to 10th and the latter did even better going from 42nd to 6th, that is to say 35 places!

 

The non-French skippers had a hard time extricating themselves of the currents and the unstable winds, the best position is that of Portugal’s Francisco Lobato (Roff) who was reported 18th place, less than 2.5 miles from the top of the fleet and still sailing pretty fast at an average of 7.5 knots. The British troupe is led by experienced Conrad Humphreys (DMS) in 28th, while Jersey’s Phil Sharp (The Spirit of Independence) lost ground overnight and fell down to 33rd, young Sam Goodchild (Artemis) lies in 38th and Nigel King (E-Line Orthodontics) in 43rd.

 

The 44 skippers now face their last night at sea, a bit more than 100 miles to the finish in Dieppe, the last, delicate run to the finish line, with a minefield of traps and tricks and a forecast that predicts the wind to continue veer left and possibly increase to 12/15. Given this outlook, any prediction on the leg winner or the final podium is still uncertain and risky, it will probably a matter of a few minutes. Just wait and see.

 

 

Skippers’ quotes:

 

Jérémie Beyou (BPI)

“I don’t know if I should laugh or cry. A storm just passed over me and I went from upwind to downwind in a matter of seconds. It’s a bit of a yo-yo with this light, shifty air. You have to be careful of those behind… the breeze is going NE and then NW and it’s tough: I’m just behind Nacarat (Erwan Tabarly), Macif (Paul Meilhat), Pays Granvillais (Nicolas Jossier). And right next to me, Fabien (Delahaye) who got stuck in a bubble with no wind. I try to keep an eye on the others because it’s easy to fall back and loose ground. As everyone else I’m waiting for the wind to set from the NW. It’s still blustery now and I guess we are not far from the centre of the low pressure…”

 

Michel Bothuon (Les Recycleurs Bretons)

“I’m windward to Guernsey in a ten knots northerly and a good tidal flow. The weather files said that the wind was going to shift N/NE and having chosen a more direct route I have less ground to cover. Laurent (Gouezigoux) is the only one near me! I believe we went the right way because the rest of the fleet is leeward to Guernsey. I think we will reach the raz Blanchard at around 5pm, but then we’ll have to deal with the reverse current at Barfleur. For the moment, I feel okay: I’ve eaten but I haven’t slept much because of the chop.”

 

Laurent Gouezigoux (Valorisons)

“I am sailing with around 12 knots on the beam on a direct course to the raz Blanchard which I should reach around 16:30 with the tide helping. I made a tactical decision, risky for sure, but really looked at the signs off Guernesey and just went with it. I managed to sleep a bit last night on a starboard tack north and managed to catch up a bit.”

 

Fabien Delahaye (Port de Caen Ouistreham)

“So many things happened since we passed the Four: we’ve been tacking upwind in light air, then the wind went up to 20 knots. It was very shifty and I got one shift wrong, so Erwan (Tabarly) got past me! Jérémie (Beyou) is still sailing very well, but there is not only one target in this leg, one has to finish in the top of the pack. I think that the wind will take some time to veer and it won’t be before the raz Blanchard.”

 

Isabelle Joschke (Galettes Saint-Michel)

“This second night was not easy, tactically speaking because we had to deal with the passage of a low pressure. The wind was coming from all over the place, I’m happy to have come out of it and I’m with the front pack, off Guernsey. The wind died under a big cloud and now we’re upwind! The main thing is not to end up in a bubble of light air. I hope we’ll get to the raz Blanchard at the right time, don’t want to have to anchor… “

 

 

 

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