Ce n’est un secret pour personne: pendant la semaine de la voile de Constance, il y a de l’animation dans l’air. La réputation de l’événement va bien au-delà du monde de la voile. Cette année, même la météo a joué le jeu. Selon les organisateurs, près de 100‘000 personnes sont venues observer les 150 bateaux traditionnels ou ont suivi les régates pleines de suspense et observé les démonstrations d’aviron, des skieurs nautiques et autres constructeurs de modèles réduits pendant les trois jours de la manifestation. En flânant parmi les stands des exposants ou en assistant aux concerts donnés sur la place du port la nuit tombée, on aurait pu se croire au bord de la Méditerranée.
Répartis en 22 catégories, plus de 1000 navigateurs se sont mesurés sur les six différents parcours. Robert Hallmann, le dynamique organisateur qui a sorti cette semaine vélique de l’oubli il y a six ans, ne cache pas sa satisfaction : « Les séries qui aimeraient se joindre à nous sont toujours plus nombreuses. Cette année, nous avons eu le privilège d’accueillir les Dragons modernes. Et les 5.5 ont décidé spontanément de faire le déplacement depuis le lac de Garde où ils avaient disputé une régate. Nos participants viennent des quatre coins du monde, de l’Europe au Canada en passant par l’Australie. Tous ces gens font passer notre message : la mer n’est pas le seul endroit pour naviguer, il existe aussi de formidables événements sur les lacs d’Europe. »
Bons résultats suisses
Les régatiers avaient le sourire aux lèvres : ils n’ont pas seulement bénéficié de températures clémentes pour la saison, le vent s’est également montré généreux. Vendredi et samedi, un bon vent d’ouest a soufflé sur le lac tôt le matin, remplacé dans l’après-midi par une bise agréable. Dimanche, le vent s’est toutefois levé trop tard pour quelques séries.
Les bateaux sous pavillon suisse ont réalisé de bonnes performances remportant une douzaine de places sur le podium. L’année dernière, le Gun, un 75m2 bermudien de 17 mètres – le bateau classique le plus ancien sur place – avait fêté une double victoire. Cette année, il a dû se contenter d’une place d’honneur. Pour le barreur Willy Sauter, ce résultat n’était pas une surprise : « Nous n’avons pas moins bien navigué qu’en 2013, mais notre coefficient de jauge a changé. Il se situe cinq unités de yard stick au-dessus de celui de l’année dernière. C’est le résultat de notre domination de l’année dernière. »
Match Race comme contrepoint
Le lac de Constance est un haut-lieu du match racing. C’est donc tout naturellement que la discipline a fait son entrée dans le programme de la semaine vélique. « Nous avons voulu créer un contrepoint à la compétition des gentlemen sur leur bateaux classiques et modernes. D’un côté, nous voulons offrir aux jeunes de la région la possibilité de se mesurer à l’élite mondiale, de l’autre permettre l‘échange entre les jeunes navigateurs de match race et les régatiers chevronnés sur des voiliers classiques », explique Hallmann avant de préciser : « Nous ne voulons en aucun cas concurrencer la Germany Match Race. Elle fait partie de la coupe mondiale et a une toute autre importance. »
Avec le Danois Nicolai Sehested, le Français Pierre-Antoine Morvan et le Suisse Eric Monnin, le niveau était toutefois assuré. Les trois équipages figurent en effet dans le top ten du classement mondial de match racing. Une belle affiche pour un grade 2 ! Sans surprise, le trio s’est facilement imposé dans le round robin. La finale s’est disputée entre Eric Monnin et Nicolai Sehested. Malgré une victoire dans la première manche, Monnin s’est finalement incliné face au Danois. « Je m’en veux un petit peu, car nous étions sur un pied d’égalité avec le numéro six mondial. La manifestation était vraiment réussie et nous avons profité à fond du magnifique cadre », a déclaré Monnin.
L’espace des exposants s’est agrandi
Hallmann avait promis d’attirer encore plus d’entreprises du secteur nautique cette année. Pari réussi ! Les nombreux exposants qui avaient répondu à l’appel n’ont pas regretté d’être venus. La foule s’est pressée autour des stands et les exposants ne cachaient pas leur satisfaction. Comme beaucoup d’autres, Stefan Züst, constructeur naval basé à Altnau (TG) qui participe depuis 2009 à cette semaine vélique, s’est dit enchanté : « Pour un petit entrepreneur comme moi, c’est une opportunité idéale de me faire connaître. Contrairement aux Salons, l’investissement en temps et en argent reste modeste et j’y rencontre beaucoup de mes clients fidèles pour discuter dans une ambiance décontractée. De plus, on entre aussi en contact avec des gens qui ne connaissent pas grand-chose aux bateaux. La Bodenseewoche offre une chance unique de susciter leur enthousiasme pour la voile et d’inciter des néophytes à s’essayer à ce sport. Un peu de sang neuf ne peut pas faire de mal à la communauté vélique qui a, avouons-le, pris de l’âge. »